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    L'auteur. Graham Pont. Essayiste et chercheur interdisciplinaire australien. Auteur de nombreuses études sur l'histoire de l'art (architecture, musique), en relation avec la tradition ésotérique. Spécialiste, en particulier, de la gastronomie et de l'histoire du vin. Il revendique, en outre, une longue familiarité avec la philosophie pythagoricienne.

    "L'une des ironies de la pensée du XXe siècle est que, alors même que Pythagore s'est vu détrôner de son statut de père de la science et de la philosophie occidentales, aussi bien que d'"inventeur" des mathématiques et de la théorie musicale, les études et spéculations pythagoriciennes semblent connaître un regain de vitalité." Cette introduction, non dépourvue de malice, donne le ton de l'article. Sous couvert de nous intéresser aux "prédécesseurs de Pythagore", Graham Pont nous entraîne dans une excursion érudite au sein de littératures non-conventionnelles du XXe siècle, en quête de la reviviscence d'un esprit pythagoricien, ou d'idées pythagoriciennes.

    Un tel exercice a évidemment ses limites, qui sont celles que peut comporter une "profession de foi" pythagoricienne qui ne s'appuie, au départ, sur un contenu strictement doctrinal. Nombre de ces auteurs pourront, de ce fait, nous apparaître beaucoup moins pythagoriciens qu'ils se l'imaginent. En réalité, il est presque impossible à la mentalité moderne, formée à l'école du "doute méthodique", et de la "relativité des points de vue", de se représenter les exigences que peut comporter un véritable enseignement doctrinal, en terme de consistance et de non-contradiction; sauf à s'être déjà familiarisé avec un enseignement du même ordre, par le biais de la métaphysique indienne, ou par un autre biais.

    Parmi les symptômes de ce nouvel esprit pythagoricien, Graham Pont distingue "une nouvelle conception de la science", dans laquelle "les paradigmes mécanistes et réductionistes" cèdent la place à des visions du monde plus "holistes" et "organiques". La biosphère de Teilhard de Chardin et l'hypothèse Gaïa sont tour à tour convoquées pour illustrer ce nouveau paradigme émergeant, dans lequel Graham Pont reconnaît "la plus ancienne conception scientifique du monde", l'analogie du microcosme et du macrocosme, qui, loin d'être une invention de Pythagore, est une notion commune à beaucoup de cultures de la haute antiquité. Graham Pont reprend logiquement ensuite, en les élargissant à l'occasion, les interrogations de McClain concernant l'antiquité de la doctrine de la musique des sphères.

    Comme l'a dit un poète, "il y a plusieurs demeures dans la maison de mon père", et nul ne détient, en la matière, la lumière infuse. Ou encore : il entre dans la vocation des abeilles que nous sommes de travailler en différents points d'une même ruche. Un tableau de la reviviscence du pythagorisme aurait eu pour nous un aspect bien différent, a priori plus conventionnel. Nous aurions commencé, par exemple, par l'oeuvre de D'arcy Thompson, qui présente une philosophie de la nature concurrente, mais non contradictoire, de celle de Darwin (avec laquelle elle entretient un rapport dialectique continu), dans lequel le paradigme de la "survivabilité des formes vivantes" est remplacé par celui de la "constructibilité des formes de la nature", paradigme qui, s'il n'est pas exclusif du premier, présente l'avantage de ne pas séparer le "monde vivant" du grand ordre de la nature cosmique. Nous aurions poursuivi par quelques mathématiciens marqués par l'influence de D'arcy. Hermann Weyl, dans ses réflexions sur la symétrie. Alan Turing et ses recherches "logico-informatiques" sur la chimie des formes. De là, nous eussions pu revenir à Boole et aux fondements de la logique moderne, ou bien, au choix, tenter une incursion du côté de la physique quantique... 

    En dehors de la voie doctrinale - nécessairement mathématique et scientifique - il existait peut-être une autre voie permettant de juger de l'authenticité d'une foi pythagoricienne, peut-être plus appropriée aux conditions de l'existence moderne, qui est celle, morale, de la Vie pythagoricienne. On sait que le titre donné à plusieurs anciens ouvrages sur Pythagore porte, en grec, une ambivalence de sens, puisqu'il peut signifier aussi bien "biographie de Pythagore" que "style de vie pythagoricien", ambivalence que le vieux français conserve dans l'expression : "Vie pythagorique." - Car en effet, si personne ne peut douter de la foi pythagoricienne de Simone Weil ou de celle de Schwaller de Lubicz, c'est d'abord parce que cette "vocation" s'est montrée dans toutes les actions de leur vie, de manière aussi transparente que dans celle d'Apollonios de Tyane.

     

     

    Cet article a paru pour la première fois dans le Nexus Network Journal, vol. 6 no. 1 (Printemps 2004). Source : http://www.tropinature.com ©Julián Monge-Nájera

     

     


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    CHRONOLOGIE DES SEPT RISHIS

     

     

    par Bibhu Dev Misra

     

     

    La doctrine des cycles historiques nous dit que nous vivons actuellement le Kali Yuga, âge sombre de la vertu et de l’intelligence. Selon l’épopée indienne du Mahabharata, seul un quart de la vertu demeure, jusqu’à tendre vers zéro à la fin du Kali Yuga. Les hommes sont dominés par la cruauté, la maladie, la peur et les catastrophes naturelles. Le Kali Yuga (Fer) était précédé par trois autres Yugas : Satya ou Krita Yuga (Or), Treta Yuga (Argent) et Dwapara Yuga (Bronze). Dans le Mahabharata, Hanuman donne cette description au prince Bhima : «Le Krita Yuga fut ainsi nommé car il n’y avait alors qu’une seule religion et tous les hommes étaient saints : ils n’avaient aucun besoin d’accomplir des cérémonies religieuses. Les hommes n’achetaient ni ne vendaient, il n’y avait ni riche ni pauvre et aucun besoin de travailler, parce que tout ce dont les hommes avaient besoin était obtenu par le pouvoir de la volonté (...) L’âme universelle était de couleur blanche. Durant le Treta Yuga ont commencé les sacrifices et l’âme du monde est devenue rouge, la vertu a diminué d’un quart (...) Durant le Dwapara Yuga l’âme du monde a pris la couleur jaune, et la religion était à moitié perdue. Le Veda fut divisée en quatre parties, et bien que certains eurent la connaissance des quatre Vedas, d’autres n’en connaissaient que trois ou un. L’esprit diminua, la vérité déclina et arrivèrent le désir, les maladies et les calamités.» Nous vivons actuellement l’âge sombre du Kali Yuga, duquel la vertu et la bonté sont quasiment absentes. Mais quand a commencé le Kali Yuga, et quand finira-t-il ? Malgré les descriptions élaborées de ses caractéristiques, ses bornes restent entourées de mystère. Généralement, on le fait débuter en 3102 BC, trente-cinq ans après la fin de la grande bataille du Mahabharata. Ce qui est remarquablement proche du début du grand cycle du calendrier Long Compte des Mayas en 3114 BC. Il faut noter que dans ces deux cas, ces dates de départ furent calculées rétrospectivement. Les Mayas ont recalculé leurs anciens calendriers entre 400 BC et 50 CE au centre cérémoniel de Izapa au Mexique. En Inde, un réexamen considérable eut lieu aux environs de 500 de notre ère. L’astronome renommé Aryabhatta identifia la date de commencement du Kali Yuga à 3102 BC. Pourquoi ce besoin soudain, de la part de deux anciennes civilisations, de recalculer des dates qui étaient à la base même de leur systèmes calendaires ? Comment de tels marqueurs temporels ont-ils pu être échapper à la mémoire collective ? Nous reviendrons sur ces questions plus tard. On croit généralement que Aryabhatta a calculé la date de début du Kali Yuga à partir des informations contenues dans le traité d’astronomie Surya Siddhanta, selon lequel les 5 planètes visibles à l’oeil nu étaient alignées sur le 0° du Bélier (étoile zêta des Poissons) au début du Kali Yuga. Il serait ainsi arrivé à la date du 17/18 Février de l’an 3102 BC. Néanmoins, les simulations modernes effectuées par Richard Thompson montrent qu’à cette date, les 5 planètes balayaient un angle d’environ 42° sur plus de 3 signes zodiacaux. Nous sommes très loin d’une conjonction. Aryabhatta a-t-il fait des erreurs de calcul ? Pas vraiment. En fait le Surya Siddhanta ne spécifie pas qu’un tel alignement ait eu lieu au début du Kali Yuga. Au contraire, il énonce clairement que cette conjonction à 0° du Bélier eut lieu à la fin de l’Âge d’Or. Malheureusement, cette simple affirmation a été déformée par les commentateurs désireux de supporter la date de 3102 BC, et ensuite prise pour un fait. Cette date vient véritablement de nulle part. Avant 500 de notre ère, elle n’était mentionnée dans aucun texte sanskrit. D’où Aryabhatta la tient-il ? Apparemment il ne l’a pas calculée lui-même. Il y fait référence une seule fois dans son texte Aryabhatiya en mentionnant qu’il l’a composé en l’an 3600 du Kali Yuga, alors qu’il avait 23 ans. Puisque ce texte date de 499 CE, on peut retrouver la date de début du Kali Yuga. Mais en elle-même, cette phrase ne révèle aucune information astronomique. Il est possible que Aryabhatta tienne cette date d’une autre source, dont la validité est rendue suspecte par sa nébulosité. Mais l’enquête pour retrouver cette date est semée d’embûches, puisque, ainsi que le fait remarquer Sri Yukteswar, beaucoup de textes sanskrits multiplient artificiellement la période de 12.000 ans par 360, pour constituer une période démesurée de 4.320.000 années qui compteraient pour une «année divine». Mais des textes comme le Mahabharata et les Lois de Manu conservent la valeur originelle de 12.000 ans. Bien d’autres cultures - Chaldéens, Zoroastriens, Grecs - croyaient également à un cycle des Âges de 12.000 ans. Yukteswar précise dans son livre La Sainte Science (1894) qu’un cycle des Yugas complet dure 24.000 ans, composé d’un cycle ascendant et d’un cycle descendant. Ce concept de montée et de descente ne sort pas simplement de l’imagination de Yukteswar. Cette idée prévaut encore parmi les Jaïns indiens, une des sectes les plus anciennes du pays. Il est possible que Yukteswar ait été influencé par le système jaïn, ou par des traditions orales qui ne sont pas passées dans le corpus écrit. L’idée d’ascension et descension était aussi prévalent dans les mythes grecs. Le poète Hésiode, dans Les Travaux et les Jours, donne une description des Âges où il insère un cinquième âge, l’Âge des Héros, entre le Bronze et le Fer. Dans le Cosmos d’Hésiode, Jenny Strauss Clay écrit : «Méditant le mythe du Politique de Platon, Vernant affirmait que le cadre temporel du mythe d’Hésiode n’est pas linéaire mais cyclique ; après l’âge du fer, qui se divise en deux, le cycle des races recommence avec un âge d’or, ou, plus probablement, la séquence s’inverse. Vernant lui-même offre une solution en remarquant qu’il y a en fait deux types d’existence humaine associées au Fer» Ainsi, les deux parties de l’âge de Fer pour Jean-Pierre Vernant correspondent aux phases descendante et ascendante du Kali Yuga de Yukteswar. On peut conjecturer, dans ce contexte, que l’âge des Héros, qui suit immédiatement le Bronze dans la recension de Hésiode, correspond au Kali Yuga descendant. Cela nous amène à la question des durées relatives des âges et des périodes transition (aube et crépuscule). Les valeurs suivantes sont données par les textes sanskrits :

    Satya Yuga (Golden Age) : 4000 years + 400 years dawn + 400 years twilight = 4800

    Treta Yuga (Silver Age): 3000 years + 300 years dawn + 300 years twilight = 3600

    Dwapara Yuga (Bronze Age): 2000 years + 200 years dawn + 200 years twilight = 2400

    Kali Yuga (Iron Age): 1000 years + 100 years dawn + 100 years twilight = 1200

    Puisque de nombreuses erreurs ont entâché la doctrine des cycles, comme le font remarquer Yukteswar et Tilak, nous devons également interroger la pertinence de ces durées. Bien que la doctrine des cycles soit mentionnée dans les mythes d’une trentaine de cultures, telles que les a décrites Giorgio de Santillana dans son Hamlet’s Mill (1969), on trouve très peu d’information relative aux durées des âges. C’est assez surprenant. Pratiquement tous les mythes racontent que la vertu décroît après l’âge d’Or. Certains mythes mentionnent que la vertu décroît d’un quart à chaque âge. Mais la durée des âges en eux-mêmes semble abordée de manière insuffisante. Si la durée de chaque Yuga diminuait, ce point important n’aurait-il pas été mentionné ? Les récits peu nombreux qui spécifient ces durées, parlent de durées égales. Par exemple, les Zoroastriens croient que le monde dure 12.000 ans divisé en 4 âges de 3000 ans. Une source mexicaine connu comme le Codex Rios, énonce des durées de 4008, 4010, 4801 et 5042 ans respectivement, pour un total de 17.861 ans. Ainsi, les durées des 4 Yugas des textes sanskrits (càd : 4800, 3600, 2400 et 1200 ans) dévient de la norme. C’est une progression arithmétique, très rare dans les cycles naturels. Cette séquence apparemment non naturelle pose la question de son altération délibérée afin de donner l’impression que la durée de chaque Yuga diminuerait de pair avec la vertu. Les ratios 4:3:2:1 donnent l’impression superficielle que la durée est réduite d’un quart d’un Yuga à l’autre. Bien sûr ce n’est pas le cas. Mais voilà le fait le plus parlant : deux des astronomes les plus fameux de l’Inde antique, Aryabhatta et Paulisa, croyaient que les cycles des Yugas avaient des durées égales ! (...) Cependant leur opinion a été éclipsée par le point de vue contradictoire de Brahmagupta qui raillait les astronomes qui ne soutenaient pas ses propres idées. La doctrine originelle des Yugas semble avoir été très simple : un cycle des Yugas de 12.000 ans, chaque Yuga durant 3000 ans. Ce cycle est encodé dans le «Calendrier Saptarsi» qui a été utilisé en Inde pendant des milliers d’années. Amplement utilisé au cours de la période Maurya au 4ème siècle BC, il est toujours en usage dans certaines régions de l’Inde. Le terme Saptarsi fait référence aux Sept Rishis ou Sept Sages qui représentent les sept étoiles de la Grande Ourse. On les considère comme des éveillés qui apparaissent au début de chaque Yuga pour propager les lois civilisatrices. Le calendrier Saptarsi possède un cycle de 2.700 ans. Il est dit que la constellation de la Grande Ourse reste 100 ans dans chacun des 27 nakshatras (astérismes ou mansions lunaires). Si le cycle de 2.700 ans représente la durée d’un Yuga, alors les 300 ans restants (1/10ème) correspondent à la période de transition. La durée totale d’un cycle des Yugas, en exceptant les périodes de transition, vaut 2700 x 4 = 10.800 ans, soit la durée de la Grande Année d’Héraclite ! Les historiens sont d’accord pour dire que le calendrier Saptarsi utilisé durant la période Maurya commençait en 6676 BC. (...) Un calendrier Saptarsi plus tardif, toujours utilisé en Inde, a débuté selon toute vraisemblance en 3076 BC lorsque la Grande Ourse était dans le nakshatra Magha que mentionne le Brihat-Samhita. Mais, comme l’explique Dr. Subhash Kak, «le nouveau comput qui remonte à 3076 BC a été commencé plus tard afin de le caler sur le début du Kali Yuga». Alors, quand le calendrier pour le Kali Yuga a-t-il vraiment commencé ? Dans le livre Traditions of the Seven Rsis, Dr. Mitchiner indique que le calendrier Saptarsi pour le Kali Yuga (Laukika Abda du Kashmir) commença quand la Grande Ourse était dans Rohini. Ce qui était le cas en 3676 BC. C’est là que ça devient intéressant. Un cycle des Sept Rishis a commencé en 6676 BC et un autre a commencé exactement 3000 ans plus tard en 3676 BC. Mais le cycle dure 2700 ans. Une période de 300 ans a été ajoutée à la fin du cycle, ce qui montre bien que l’hypothèse des 2700 + 300 ans était bien la base originelle de la doctrine des cycles. On peut également en conclure que le calendrier initié en 6676 BC comptait le temps à partir du Yuga Dwapara descendant. On arrive ainsi à la table suivante :

     

    La seconde partie de l’article met en lien les périodes intermédiaires avec des indices archéologiques et historiques de catastrophes naturelles et d’effondrement de civilisation. Pour résumer :

    9976 BC - 9676 BC : fin du dernier âge glaciaire, déluge global, impact éventuel de comète

    6976 BC - 6676 BC : catastrophe de la Mer Noire, tremblements de terre et déluges

    3976 BC - 3676 BC : «5.9 kiloyear event» de 3900 BC, aridité au Sahara, déluge en Asie

    976 BC - 676 BC : catastrophes environnementales, âges sombres grecs

    2025 CE - 2325 CE : ...

     

    (Adapté de l’article en ligne “The End of the Kali Yuga in 2025 : Unraveling the Mysteries of the Yuga Cycle”)

     

     

    GLOSES

    par Rémy Bayoud

     

    Astronomiquement, le passage de la Grande Ourse dans les différentes maisons lunaires, et à intervalles réguliers, semble impossible. Il pourrait s’agit d’un moyen symbolique de diviser en siècles la période “pleine” d’un Yuga, valant les 9/10 des 3000 ans. D’autre part, on peut éventuellement imaginer que l’Âge d’Or n’est pas interrompu (entre ses phases ascendante et descendante), ce qui amènerait à 7 le nombre de temps intermédiaires pour la totalité du Grand Cycle.

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    A mon sens l'intérêt n'est pas tellement lié au pronostic (pas la peine de faire appel aux maths pour voir venir l'orage) mais au rétablissement d'une théorie cohérente, même s'il peut y avoir des erreurs. Les deux points litigieux étant celui du facteur multiplicatif déjà bien dénoncé, même par Guénon ; l'autre celui de la progression arithmétique, toujours accepté parce qu'il caresse (une vision) du pythagorisme, mais pourtant relativement bizarre (je ne dis pas impossible) et émanant d'une source unique. En soi les intérêts historiques ne me paraissent pas moins valables sur un cycle long, que dans celui du calendrier tropique, et d'autre part ils servent surtout ici de "pierre de touche".

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    En tout cas l'analogie avec le calendrier donne quelque poids à un canevas de 40 + 5 jours que j'avais imaginé pour coller aux 8 grandes fêtes de l'année selon Walter. En prenant 12.000 ans pour le semestre, on peut considérer la correspondance (approximative) 2700 ans = 40 jours, 300 ans = 5 jours. En suivant cette piste ça donnerait :

    Phase ascendante :

    - Hiver = début Fer... fin du Fer 40 jours + tard, et 5 jours intermédiaires = 2 février- Imbolc = début Bronze... 40 + 5 = 21 mars

    - Printemps = début Argent... 40 + 5 = 2 mai- Beltaine = début Or... 40 + 5 = 21 juin

    Phase descendante :

    - Eté = début Or... 40 + 5 = 2 août- Lugnasad = début Argent... 40 + 5 = 21 septembre

    - Automne = début Bronze... 40 + 5 = 2 novembre- Samain = début Fer... 40 + 5 = 21 décembre

    Si l'on suit la chronologie proposée dans l'article, on se situerait analogiquement dans les derniers jours de janvier.

    Assez hallucinant, le début de "l'ère commune" correspondrait alors au 1 janvier.

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    Faisons plus simple, sans les Yugas, et constatons simplement que le pôle céleste pointe actuellement vers le bord de la Galaxie, ce qui correspond en fait à la "quadrature cosmique" entre la ligne des équinoxes (mobile) et la voie lactée (invariante).
    C'est la définition d'un "solstice d'hiver" par rapport au centre galactique. Ce qui permet aussitôt de définir des saisons galactiques (saisons au sens naturel des celtes ou chinois, c'est à dire centrés sur les solstices-équinoxes). Evidemment il s'agit d'un modèle géométrique qui ne peut coller parfaitement à la réalité ; de la même manière, les saisons sur Terre ne sont pas de durée égale en raison de l'excentricité de l'orbite. Au passage, ce modèle n'est pas plus symétrique que les journées ou les années terrestres ! La dissymétrie sous-jacente vient par exemple des configurations différentes des planètes d'un grand cycle à l'autre. Spirale plutôt que cercle.
    En restant sur ce modèle empirique, on perd en revanche la notion de "pralaya" entre les saisons ; à moins que cette notion puisse être transposée naturellement à partir du calendrier annuel, mais ces "jours intermédiaires" que j'avais supposés ne me semblent pas très présents dans notre tradition, à ma connaissance.
    Maintenant, reste la question des effets qualitatifs de telles saisons, ce que je ne pourrais trancher sur un plan strictement empirique. Il faudrait faire appel à des courants cosmiques analogues aux influx solaires, à mon avis tout à fait réels, mais dont la cartographie me semble mal précisée.


    La fin du Kali Yuga en 2025

     

    Remarque : ce modèle ne correspond pas à la chronologie proposée plus haut. A moins de redéfinir la notion de saison, etc...
    Eventuellement chercher du côté des 4 Etoiles Royales, aux influx desquelles la Terre pourrait se "disposer" au cours des phases du cycle...
     

     


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     SIRIUS, C'EST DU SERIEUX!

     

     

     

    par William BROWN

     

     

    Sirius : c'est du sérieux!

     

    La plupart des étoiles observables sont des systèmes binaires ou multiples. Au sein de ces systèmes, deux étoiles ou plus ont un foyer de révolution commun, et restent liées gravitationnellement sur des orbites définies. Cette interaction gravitationnelle entre étoiles est si commune qu’elle semble être le mode normal de formation des systèmes stellaires. Ce qui est logique, puisque les étoiles sont formées au sein de nébuleuses qui sont de véritables «pépinières d’étoiles» où des éléments légers se sont agglomérés durant le Big Bang, alors que les éléments lourds étaient synthétisés au coeur d’étoiles géantes, puis éjectés.

    On pense généralement que notre Soleil est une exception à ce phénomène de gémellité, mais des observations suggèrent que le Soleil se meut sur une orbite autour d’un système stellaire compagnon. Cette idée est-elle sans précédent ? Pas du tout, en réalité il y eut de nombreuses publications scientifiques examinant les indices d’existence d’une «étoile noire», à laquelle notre soleil pourrait être lié. Cette étoile est connue sous le nom de Nemesis et elle fut proposée à partir des perturbations de certains objets, comme Sedna, objet transneptunien d’un diamètre d’environ 1000 km (~ planète naine) situé dans la ceinture de Kuiper.

    Walter Cruttenden du Binary Research Institute a avancé l'idée que le compagnon de notre soleil n'était pas forcément du genre «étoile noire». Compte tenu de la rareté des observations et des mesures des étoiles brillantes de notre secteur galactique, on est amené à chercher si des étoiles visibles partagent un foyer de révolution avec notre système solaire. Au coeur de cette théorie des systèmes multiples, on va découvrir une simplification de la mécanique de précession, avec un modèle plus logique, ne reposant pas sur l'oscillation de l'axe de rotation terrestre, mais sur le mouvement du système solaire lui-même.

    Y a-t-il une candidate au binôme parmi les étoiles visibles ? Commençons par examiner les plus proches. Alpha du Centaure (hémisphère austral), distante de 4,37 années-lumière, est la troisième étoile la plus brillante de notre ciel et constitue elle-même un système binaire : Alpha Centauri A et Alpha Centauri B. Une autre étoile est en lien avec ce binôme : Proxima du Centaure, à 0,2 années-lumière de Alpha Centauri, ce qui représente environ 400 fois la distance de Neptune au Soleil. Cela montre que les orbites d'un système poly-stellaire ne sont pas forcément proches. Cependant la déclinaison de Alpha du Centaure est de -60° : bien trop décalée du plan du système solaire (aussi appelé équateur céleste), ce qui explique d'ailleurs son mouvement quasiment circumpolaire.

    Une meilleure candidate devrait être plus proche du plan du système solaire. C'est le cas de Sirius dont la déclinaison est de -17°, et qui est également l'étoile la plus brillante de notre ciel. C'est aussi le cinquième groupe d'étoiles le plus proche de nous. Plus important encore : le Sirius Research Group a enregistré la position de Sirius pendant 20 ans, sans altération mesurable de sa position par rapport à la précession !

    Des corps de notre système solaire témoignent d'une résonance harmonique avec le système Sirius. Les orbites de Pluton et Sedna sont inclinées de 17° environ par rapport à l'équateur céleste, de même que Sirius. Leur périodes orbitales sont respectivement de 250 et 12 000 ans, correspondant aux rapports de 1:5 et 1:2 relativement à la période de révolution du Soleil autour de Sirius. 
    La résonance est une condition sine qua non pour un système de corps en orbite ; et c'est aussi pourquoi l'hypothèse d'une oscillation de l'axe polaire n'est pas séduisante. Une oscillation indique non pas une résonance harmonique mais une instabilité dynamique (pensez au tournoiement d'une toupie avant qu'elle ne tombe, elle commence à osciller).

    Sirius est un système binaire. Sirius A est très visible mais il existe une étoile compagnon appelée Sirius B, décrite pour la première fois aux temps modernes par la tribu Dogon du Mali, et confirmé par les astronomes. Les Dogons ont aussi décrit un troisième corps céleste avec des caractéristiques d'étoile à neutron. Cette dernière ne serait pas visible à la manière de Sirius B, mais l'attraction combinée d'une étoile à neutrons, d'une géante blanche et d'une naine blanche aurait certainement la force de lier le Soleil à une distance de 8,6 années-lumière. En fait, la présence d'une étoile à neutrons n'est même pas nécessaire pour permettre cette interaction gravitationnelle entre le Soleil et Sirius.

    Les descriptions historiques et mythologiques de Sirius apportent des éclairages complémentaires sur sa relation au Soleil. Un tunnel issu de la Chambre de la Reine de la Grande Pyramide d'Egypte était - cela reste vrai actuellement - aligné précisément avec Sirius. Etant donné la haute probabilité que cela soit intentionnel, et le fait que les pyramides forment une carte du ciel en elle-mêmes (reproduction au sol de la ceinture d'Orion, qui pointe vers Sirius dans le ciel), cela montrerait que Sirius est restée stationnaire depuis ces époques.

    Certains mouvements célestes ne peuvent pas être expliqués par le modèle héliocentrique développé à la suite de Copernic (1543), comme la précession des constellations zodiacales, et c'est pourquoi un mouvement supplémentaire fut introduit.

    Puisque l'on savait que l'axe de la Terre était incliné par rapport à l'écliptique, on a fait l'hypothèse que l'axe de rotation oscillait d'une manière précise, en 26 000 ans. Mais quel mécanisme expliquerait cette rotation de l'axe ? La théorie proposée fut baptisée précession luni-solaire : le Soleil et la Lune exerceraient un couple de force perturbant l'orientation de l'axe.

    Quand on prend en compte toute la complexité des mouvements de rotation de ces trois corps, il est sidérant de penser qu'une force uniforme puisse maintenir un couple assez stable pour maintenir une périodicité de 26 000 ans.

    Remarquons que ce nombre -- 26 000 ans -- a été arrondi est n'est pas un rythme stable pour la précession. Le taux de précession actuel est en accélération, puisque selon les mesures de 1900 et 1990, il est passé de 25 800 à 25 920 ans. Ce phénomène était connu des Mayas et intégré dans leur Calendriers, considérés comme une des meilleures chronométries à ce jour. De plus, les interactions avec les nombreux autres corps du système solaire n'ont même pas été pris en compte, ainsi que la géométrie ovoïde de la Terre, ce qui explique que les modèles mathématiques aient été continuellement remaniés pour proposer une solution ad hoc.

    «Le modèle de précession luni-solaire a une histoire remplie de problèmes, de révisions, et de continuelles additions de paramètres. L'équation originelle de Newton ne marchait pas. D'Alembert, reconnaissant que la Terre n'était pas un corps rigide, effectua les premiers changements importants, et beaucoup d'autres ont suivi le pas jusqu'à faire coïncider les valeurs théoriques avec les mesures (50,3 secondes d'arc / an). Le problème est que ces modèles sont conçus pour expliquer une précession fixe, alors que le taux observé a accéléré, et de plus en plus vite, ce que les modèles actuels ne savent pas expliquer. Comme la capacité de prédiction est la pierre de touche d'une théorie, le modèle luni-solaire est maintenant examiné à la loupe.»
    (Walter Cruttenden)

    La périodicité du lever héliaque de Sirius était tel que les Egyptiens l'ont pris pour repère dans leur calendrier. Chaque année durant des millénaires, le lever de Sirius coïncidait avec la crue du Nil, un événement qui a toujours lieu de nos jours. «Sirius remains about the same distance from the equinoxes – and so from the solstices – throughout these many centuries, despite precession» (Jed Buchwald)

    Cela s'expliquerait en fait par la forte excentricité des orbites, rendant le mouvement de rétrogradation de Sirius insensible sur les portions "plates".

    Il serait maintenant judicieux d'inclure ce système gémellaire dans les "poupées russes" d'orbes supérieurs. Cela n'est pas nouveau. Les civilisation précédentes avaient une compréhension avancée de la mécanique céleste, comme en témoigne la précision de leurs observations astronomiques. C'est parce que Sirius est l'objet céleste le plus stable, que les Egyptiens et d'autres civilisations l'ont utilisée comme point de référence pour la mesure du temps.

    Nous choisissons le Soleil comme point de référence, ce qui est évidemment inadapté. Tous les 4 ans il faut ajouter un jour pour garder un temps juste. Mais même Sirius n'était pas assez exacte pour ces "Gardiens du Temps" qu'étaient les Mayas. Avec leur astronomie remarquablement avancée, ils ont détecté les imprécisions liées à Sirius et ont utilisé un cycle encore plus précis utilisant le marqueur des Pléiades. Toutefois, à s'en tenir à notre galaxie, c'est le noyau Galactique, ultime centre de rotation, qui représenterait le marqueur le plus stable.

    Et c'est bien qu'on fait les Mayas (d'une certaine manière) dont le Compte Long s'achève avec l'alignement du système solaire avec le plan galactique le 21 décembre 2012. Ainsi, l'idée que la Terre orbite le Soleil, que le Soleil orbite Sirius, que Sirius orbite Alcyon qui elle-même orbite le noyau Galactique, n'a rien de révolutionnaire -- il s'agit simplement d'une redécouverte.

     

    Sirius : c'est du sérieux!

     

    Sirius : c'est du sérieux!

     

    (Adapté de l'article en ligne :

    "The Sun's Astral Companion, A Model for the Sun-Sirius System") 

    http://www.viewzone.com/sirius.html

    L'article original en anglais

     

     


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    CELTITUDE CALENDAIRE

     

     

    par ALIBORON

     

     

     

    Celtitude calendaire

     

     

    Dans les « Notes sur la tradition celtique - Loge de Recherche Laurence Dermott », ici publiées, l’auteur de la planche nous dit ceci au sujet des fêtes celtes : « Il y en a quatre principales dans l'année qui, curieusement, sont placées non pas aux solstices et aux équinoxes comme pour nous (les deux Saint-Jean, etc.) mais au milieu des saisons. Les traditionalistes celtes, en particulier la revue « Ogam » à qui cette planche doit beaucoup, expliquent cet état de choses par la fixation de ces fêtes à des dates très anciennes et le résultat de la précession des équinoxes. A titre personnel, cette explication ne me satisfait pas — mais je ne suis pas capable d'en proposer une autre plus satisfaisante. »

    Or, il est peut être possible de le faire en suivant les indications de Rabelais ; lequel est considéré par nos alchimistes comme le dernier hérault des traditions païennes christianisées, de Gaule et d’alentour. Pour ce faire nous profiterons de la lecture inspirée que fit Claude Gaignebet des oeuvres de ce géant. Dans l’ouvrage intitulé «A plus hault sens » la cosmologie rabelaisienne, savamment décryptée, s’avère être fort différente de celles, élues, « traduites » et synthétisées (par Guénon et consorts) en une grille de lecture décrétée universelle et faisant, malheureusement, autorité.

    Vu l’ampleur du sujet et l’exiguïté prescrite par F.B., je me contenterai donc de vous en rapporter les seules conclusions ; libre à chacun d’aller visiter mes sources pour capter « le comment du parce que ».

    Gaignebet fait remarquer qu’en introduction à son Pantagruel (II,1) Rabelais celtise ouvertement : « Il y a plus de quarante quarantaine de nuits pour nombrer à la mode des antiques druides ». D’autres allusions ou références aux celtes se trouvent aisément dans l’oeuvre du Chinonais, mais qu’est-ce à dire ?

    Notre herméneute de s’interroger : « Si ce chiffre est « druidique », des fêtes comme le Carème (Quadragesima), la Chandeleur-Carnaval (quarante jours après Noël), l’Ascension (quarante jours après Pâques) ne pourraient-elles aussi être envisagées à ce point de vue ? »

    Au sujet de cette « quarantaine », chère à Gaignebet, mais dont Frédérick me disait, ailleurs, ne pas voir le rapport direct avec les nombres prisés par les celtes, ce passage d’une étude antérieure de Gaignebet, « Le Carnaval » :

    « Le calendrier celtique distinguait en effet quatre fêtes décalées chacune de 40 jours par rapport aux solstices et équinoxes » « Pourquoi 40 ? Est-ce l’effet d’une mystique des chiffres telle que celle qui inspira les Pythagoriciens ? Ces derniers aimaient le nombre 40. On voit généralement la raison de cet attrait particulier dans l’importance qu’ils accordaient aux chiffres 8 (ogdoade) et 5, dont le produit donne 40. » « C’est ici le moment de se souvenir que l’ensemble du calendrier tel que nous venons de le déchiffrer s’efforce de coïncider avec un phénomène naturel important, le cycle de la lune. Alors s’éclaire d’un jour nouveau la signification du nombre 40 : 40 jours représentant la durée d’une lunaison et demi. »

    Faute de place, nous n’en retiendrons que l’essentiel : « quatre fêtes décalées chacune de 40 jours par rapport aux solstices et équinoxes » ; soit, comme le disaient les anciens (via l’entendement de Mr Giuseppe Bezza) un calendrier «naturel ». En passant, je m’étonne que nos maîtres à ne pas penser en matière de symbolisme aient pu zapper avec autant de désinvolture ce dont traite ici l’honorable italien....

    L’intro de son étude (http://cura.free.fr/quinq/04bezza.html)  rappelle ceci : « Chez les peuples primitifs le calcul du temps le plus répandu reposait assurément sur l'observation, près de l'horizon, du lever et du coucher d'une étoile avant le lever du Soleil ou après son coucher. Puisque ces points de repère expriment les cycles de la végétation ou les activités de l'homme, ils doivent être apparents et se répéter constamment ; en même temps, ils doivent permettre d'expliquer les changements qualitatifs des cycles temporels.

    Ces observations ont été accomplies surtout dans les régions tempérées, où les changements des conditions climatiques sont importants et où la vie des plantes et des animaux, l'ensemencement et la floraison, les temps des migrations varient sensiblement au cours de l'année. Mais aussi dans les régions subtropicales, où les variations saisonnières sont moins sensibles, il peut arriver que les saisons sèches, celles des pluies ou encore l'arrivée des moussons avancent ou retardent dans quelque mesure.

    Cet état de choses, qui est propre au monde primitif, nous le retrouvons chez les Grecs du temps d'Hésiode, qui ne conçoivent pas l'année en tant que période de temps avec un début déterminé, mais en tant qu'unité temporelle marquée par une succession d'abondances et de pénuries. A côté d'un calendrier luni-solaire, il y avait un calendrier fondé sur les apparitions et occultations des étoiles, les cycles végétaux, et le comportement des animaux. Ce sont ces repères que les peuples primitifs avaient pris en compte pour établir le temps des semailles et, plus généralement, la succession des travaux agricoles. » Bon, c’est un peu vague et oublieux de la celtitude mais a au moins le mérite de rafraichir la mémoire. Cela fait, l’auteur constate que plus tardivement s’esquisse « l’emploi d'un double référentiel : d'un côté l'observation d'un cycle stellaire relevant du calendrier naturel archaïque, de l'autre la prise en compte des équinoxes et des solstices, expression du développement mathématique de l'astronomie, qui ne repose désormais plus sur la seule observation. »

    « Ce mélange aboutit, entre la fin du Ve siècle et le début du IVe siècle B.C., à la création d'un calendrier "technique", qui devra servir de base à la prédiction météorologique comme au diagnostic et au traitement des maladies »

    « Les deux divisions de l'année, celle fondée sur les phases des étoiles et celle qui repose sur les équinoxes et les solstices, se trouvent désormais fondues entre elles dans la littérature des parapegmatas. » « La coexistence de ces différents repères est typique dans la littérature des parapegmatas à partir du Ve siècle B.C. Elle est aussi attestée dans le Corpus hippocratique, lequel présente une division de l'année en huit parties, où l'ancien calendrier, qui repose sur les apparitions de quelques étoiles remarquables (Pléiades, Sirius, Arcturus), garde son caractère propre. »

    « Cette division de l'année, qui a connu un certain succès auprès des médecins du Moyen Age, repose sur une forme tout à fait archaïque. Au début du XIe siècle, al-Bîrûnî se montre très critique, notamment quand il dit qu'elle est l'oeuvre des partisans du calendrier naturel.

    Parmi eux, écrit-il, il y en a certains qui s'éloignent beaucoup de la vérité, en fixant les quatre points de repère indépendamment des équinoxes et des solstices dans des lieux équidistants des équinoxes et des solstices. »

    Bref, sans poursuivre l’historique de cette éclipse d’un calendrier au profit d’autres plus cérébraux, l’on peut déjà constater que nos celtes n’ont pas sorti leur déconcertant chronoscope ou lapin blanc, ex nihilo, d’un chapeau pointu. S’ils sont bien les derniers à avoir préservé (ouvertement) cette archaïque sapience, on entrevoit ici qu’elle fut jadis partagée par beaucoup d’autres. Et l’on verra plus loin, (si votre intérêt pour mes élucubrations perdure) qu’elle s’est envieusement maintenue (telle quelle !) en notre alchimie chrétienne, ainsi que dans un taoïsme d’accès réservé....

    Rabelais, ainsi que l’a remarquablement révélé Claude Gaignebet, prône un retour à cette ancestrale et « naturelle » astrosophie, contestant ouvertement la pertinence (et plus encore l’efficience théurgico-rituelle...) de l’hégémonie finalement prise par les équinoxes et les solstices, « expression du développement mathématique de l'astronomie, qui ne repose désormais plus sur la seule observation. » Macrobe, grand théoricien de cette prépondérance (aujourd’hui parachevée par le guénonisme), en prend plein son grade sous la plume d’Alcofribas Nasier.... car, possédé par son idéale modélisation, il en devint aveugle à l’évidence proposée par notre Créateur.

    En passant, il serait salutaire de prendre connaissance, dans le sillage de Jean Borella (par exemple son « Histoire et théorie du symbole »), du mode de manifestation initial prisé par les symboles : dans la Nature ! Et non dans les ratiocinations ayant pour base un dictionnaire ou un essai pondu par un «spécialiste» .... L’approche exclusivement textuelle, qui prévaut aujourd’hui, n’est pas toujours un cadeau.

    D’autre part, les considérables modifications de « l’ambiance cosmique » entre jadis et maintenant, judicieusement supputées par Guénon, devrait être cogitées plus avant. Cela aiderait à nous re-présenter l’univers perçu par nos ancêtres, plutôt que d’y plaquer des grilles de lecture trop souvent inadéquates.

    Ainsi, on pourrait compléter la remise à niveau, entamée dans « Le règne de la quantité », via le sieur Couliano, qui dans « Expériences de l’extase » s’étend un chouïa sur l’ouranisation progressive, en notre antiquité, des divinités telluriques préposées aux Mystères. Et, pendant qu’on y est, recommander une géniale approche de la corporéité (micro et macrocosmique) telle que verbalisée par ces grands anciens, celtes inclus : « La logique du corps articulaire », par dame Guillemette Bolens . Y est montré le lien fondamental pour nos ancêtres entre la «vitalité » psycho-somatique nous conférant présence au monde ( « thumos » des grecs, «hugr » des germains, etc) et, les énergies divines ( « prana » hindou, ou «chi» chinois) tramant notre réalité. S’y devine, plus qu’en tout autre bréviaire, la différence d’ « ambiance» et, par conséquent, de re-présentation, de relations au monde, entre ces anciens et nous.

    Mais revenons en à nos moutons. Claude nous résume le problème : « La Voie Lactée, (de laquelle les âmes descendent avant d’y remonter, par deux « portes » ou « moments » idoines) ne coupe pas le zodiaque au niveau du Cancer et du Capricorne, mais plutôt entre le Taureau et les Gémeaux d’une part, dans le Sagittaire et non loin du Scorpion de l’autre.

    Une telle situation est facilement observable et la précession des équinoxes ne saurait expliquer l’ « erreur » de Macrobe. En traitant de la Voie Lactée, Pline (Hist. Nat., XVIII, 69) remarque qu’elle est facile à voir, il la localise avec exactitude par les constellations qu’elle rencontre : Sagittaire, Aigle, Gémeaux et Canicule. Mais l’intention de Macrobe se trahit dès la première phrase (de son commentaire au «songe de Scipion »). Il cède à la magie des «temps ronds » et plus particulièrement à l’attraction des solstices.

    Il n’est donc que le précurseur d’une longue lignée dont les derniers tenants sont les celtisants et leurs feux solsticiaux, les Francs-Maçons et leurs deux fêtes de la saint Jean. Le Capricorne et le Cancer sont deux signes tropiques et il est tentant de voir la Voie Lactée marquer les bornes où le soleil rebrousse chemin dans sa course apparente. » « Il cède là à une tendance commune à la plupart des systèmes religieux de la fin du paganisme antique. Les mythes sont rationalisés ; il en est souvent donné une explication symbolique que l’on inscrit dans la nature, le plus souvent dans les astres »

    On commence à entrevoir que les avis « autorisés » qui, concernant nos celtes «expliquent cet état de choses par la fixation de ces fêtes à des dates très anciennes et le résultat de la précession des équinoxes », sont peut-être passés à coté de la plaque.....

    Idem, par exemple, d’un Gilbert Durand, cogitant sur une des « providentielles » coïncidences entre celtisme et christianisme roman, soit la symbolique thériomorphe des 4 évangélistes (constante : de la vision d’Ezéchiel à l’apocalypse de St Jean), laquelle ne leur attribue point les quatre animaux symboliques des angles équinoxiaux et solsticiels de l’année tropique actuelle, mais ceux des signes fixes de cette même année : Taureau, Lion, Aigle/Scorpion, Verseau. Ainsi notre calendrier liturgique chrétien d’antan, correctement rapporté sur le cercle annuel, révèlerait un gros hiatus entre le temps de la Nature et celui de la Surnature, liturgiquement célébrée ? Pas si sûr..... tout dépend des idées qu’on se fait des rythmes fondamentaux de la dite Nature, faute d’en percevoir les Couleurs avec l’Oeil du Coeur : théo-phanie.

    Et la sempiternelle « solution » de s’imposer : pour retrouver la coïncidence entre ces totems et ces angles, faut prendre l’escalator en sens inverse : « Jusqu’en 2500 avant J.C. c’est la constellation du Taureau qui était équinoxiale et celle du Lion solsticielle» ! Ok, et ensuite ? Supposerions-nous ces braves péquenauds d’anciens affligés d’un tel angle mort en « science des cycles », et donc inconsciemment scotchés à cette antériorité (pourquoi celle-là ?) au point d’en devenir incohérents avec l’ensemble de leur tradition, pourtant vécue au présent du visible, et de son invisible ?

    René Alleau, dans son « Mont Saint Michel » nous avait pourtant mis la puce à l’aureille. Il y cause de ce « calendrier liturgique reposant sur la notion de cycles invariables, avec des «retours » qui n’ étaient pas observés dans la nature, mais qui venaient de la Révélation, et qui se reliaient à des expériences spirituelles ». S’il avait été plus charitable, il aurait précisé que ce genre de révélations ne se propose qu’à ceusses pour lesquels Nature et Surnature se superposent, merveilleusement, en Faërie .... Peu de chance qu’un advaïta-vedantin en bénéficie, hi hi. Mais passons, même si dans ce dernier bouquin s’ensuit aussitôt une évocation de la « Légende Dorée », qualifiée d’ « héraldique sacerdotale dont les clefs n'ont jamais été communiquées par ceux qui les détenaient ».... ce, suivi d'une apologie de l'oeuvre de Dontenville sur la mythologie « françoise » ! J’y reviendrai peut-être plus tard s’il est souhaitable de montrer que sans un minimum de transmission hermétique de Re-né à Claude, ce dernier n’aurait pu capter le message de Rabelais.

    Relevons juste que de la gnose rabelaisienne, Alleau affirma (bien antérieurement à ce grand oeuvre de Gaignebet) qu’elle «se fonde sur les enseignements secrets de la philosophie hermétique et de la tradition ancestrale dont le grand initié que fut Rabelais a confié l’ultime message à cette cathédrale gauloise qu’est son oeuvre, synthèse encore énigmatique des «mystères du Soleil et de la Lune » de la Massénie médiévale ».

    De quelle mirobolante ancestralité peut-il bien s’agir ? Gaignebet entamera son herméneutique le pif en l’air, vers un Ciel qui, en une certaine direction, comme on va bientôt le piger, n’est pas concerné par la précession des équinoxes : « c’est sur les seules dates de naissance de Gargantua (3 février en la saint Blaise) et de Pantagruel (25 juillet en la saint Jacques et/ou saint Christophe) que nous basons notre système d’explication de toute l’oeuvre de Rabelais ».

    Soit, ainsi qu’il le montre ensuite, une importance considérable accordée à la Voie lactée, dont Gargantua en la saint Blaise (= Boaz) préside à l’extrémité nord ; Pantagruel quant à lui se trouvant en relation avec l’extrémité sud de ce Chemin de saint Jacques (= Jakin) que le soleil dans sa course annuelle traverse à ce moment là. Durée moyenne de ces deux traversées : 40 jours...

    Rabelais nous invite à re-connaître « ces deux dates comme étant les pôles de l’année; car le centre du soleil et celui de la terre, alors en correspondance, invitent la nature toute entière à se gonfler du suc fécondant et lactée, qu’aux autres moments de l’année les âmes des héros se réservent jalousement. » Dit autrement, « une «échelle » existe bien, mais elle est formée, comme celle de Jacob, des degrés des planètes, lorsque le soleil est dans la Voie Lactée et que la Lune forme une marche intermédiaire entre les hommes et les dieux ». Et, contrairement à ce qu’enseignent les Macrobe et/ou Guénon, ça ne se passe pas sur la croix des signes mutables, c’est ballot !

    « De toutes les influences qui tombent ici bas, il n’y a que celles qui se font au temps que les Planètes ont des regards entr’elles, à chaque changement de quartier de la Lune, qui soient portées au centre, parce qu’elles tombent sur la Lune, qui a la propriété de les réfléchir, comme les rayons du Soleil sont réfléchis lorsqu’ils tombent sur un miroir, aux objets qui lui sont opposés, et leur communiquent leurs qualités... » Mathurin Eyquem, «Le Pilote de l'Onde Vive».

    Gaignebet de souligner que Rabelais dénie donc toute pertinence en cette affaire au Zodiaque (solstices-équinoxes). « A qui veut échapper à la roue d’un Temps dévorateur, il appartient de se mettre parallèlement au cercle lacté, et non à celui du zodiaque ». Idem chez son contemporain Dürer, ainsi qu’il appert en sa «Melencolia»...

    « Ainsi et ainsi seulement, il met en correspondances les tissus lactescents du grand et du petit monde, de celui qu’il comprend et de celui qui le comprend. Ce temps est Aïon, la moelle, ce n’est plus la couronne de Kronos ; c’est celui des alchimistes. Entre ces deux mondes emboités existe une circulation, comme en ces deux fous qui se tiennent tête-bêche, au jeu de pète en gueule. Haut et bas s’inversent et le souffle anal (animique, en fait...) de chacun d’entre eux, récupéré au nez, nourrit.... le souffle anal. Ainsi tourne l’esprit, sans haut ni bas, réconciliation circulaire de toutes choses et du « thélème », d’un mouvement qui, de la gorge au cul, et du cul à la gorge, symbolise pour Rabelais, l’image archétypale de cette circulation des souffles». Il convient donc de recourir à une mélothésie (mise en correspondances des organes et parties du corps humain avec les influences astrales).... inversée, façon égyptienne, car tenant compte des inversions croisées ayant lieu en cet espace médian.

    « Le microcosme humain étant à l’image inversée du macrocosme. Cette inversion porte sur la droite et la gauche, l’intérieur et l’extérieur, le haut et le bas ».... comme l’a bien « sentu » et rendu Véronique en ses « peinturlures ». Ne pouvant m’étendre ici sur ces relations « croisées » (étoiles-métaux en particulier), je vous invite à relire les « Aspects de l’alchimie traditionnelle » d’Alleau ; ou le Gaignebet qui, bordéliquement mais doctement, nous convie à participer à ces cosmiques galipettes.

    Donc, pour Rabelais et autres curieux de Nature, : « L’ homme cosmique se tient ainsi : en correspondance avec la voie lactée, bifide entre Sagittaire (anus) et Scorpion (sexe), là où vient pénétrer la queue du serpent céleste Ophius : au niveau de l’Aigle ; partie supérieure du microcosme. L’autre partie, inférieure est marquée par Taureau et Gémeaux (gorge..), que menacent grand et petit chien. » Nous rapportant aux textes classiques de notre alchimie, nous constatons qu’ils désignent de préférence, (comme période propice à la captation de ce Spiritus Mundi), plutôt la dernière. La fenêtre peut sembler plus large, mais son apogée –médiane- correspond. Limojon de Saint Didier : « Le Cosmopolite plus ingénieux que les autres, pour indiquer que la saison la plus propre au travail Philosophique, est celle dans laquelle tous les êtres vivants, sensitifs, et végétables paraissent animés d'un feu nouveau, qui les porte réciproquement à l'amour, et à la multiplication de leur espèce, dit que Venus est la Déesse de cette Isle charmante, dans laquelle il vit à découvert tous les mystères de la nature: mais pour marquer plus précisément cette saison, il dit qu'on voyait paître dans la prairie des béliers, et des taureaux, avec deux jeunes bergers, exprimant clairement dans cette spirituelle allégorie, les trois mois du Printemps par les trois signes célestes qui leur répondent: Ariès, Taurus, et Gemini.”

    Nous quitterons ici nos abstracteurs de quintessence et leur gnose druidique et pythagoricienne, pour un peu fricotter avec leurs collègues chinois, en mentionnant ultimement, via Gaignebet, (p.293) que ce cercle abstrait se nomme « équateur galactique », because on va le retrouver en cet ailleurs.

    « Pourtant l’équateur galactique coupe l’écliptique et le zodiaque aux limites de Gemini et Taurus d’une part, entre Sagittarius et Scorpius d’autre part, et l’on ne peut ici que répéter les réserves faites sur les efforts des néo-platoniciens pour accorder le système galactique pythagoricien et celui des Portes solsticiales ».

    C’est donc la thériomorphique croix des fixes, ou de St André (apôtre des Scythes et Scots...) , qui prévaut lorsqu’il s’agit d’aborder la dimension, certes invisible mais «subtilement » perceptible, où se tissent les traffics d’influences entre Ciel et Terre.. qui ne pouvaient manquer d’intéresser nos celtes, saturés de préoccupations «magiques ».

    Donatien Laurent, en son article sur « le calendrier de Coligny » (http://abp.bzh/id=8460) se contentant de décrire, sans trahir ces théophaniques évidences en guénonisant solsticialement, nous allons profiter de lui pour traverser l’Eurasie : « Deux pôles d'entrée : début de l'an le 1er novembre (en Scorpion) et le 1er mai (en Taureau), début de l'autre semestre // et deux « milieu » de semestres : aux mois intermédiaires : 1er février (en Verseau) et 1er aout (en Lion). Ces 4 mois marquant chez les celtes le début des saisons. Axes transversaux incontournables ».

    Il rajoute ceci : « de même que la nuit précède le jour, la phase sombre de l'année précède la claire » ; soit, mais il se pourrait que cette « évidence » en cache une autre, de nature plus «subtile »... qu’il a devinée, lorsque poursuivant son exégèse, il s’émerveille des similitudes entre calendriers celtes et chinois. Allant jusqu’à réquisitionner l’histoire de l’art : «l’apparition du motif des « deux feuilles tête-bèche », est, dans l'art laténien; bien plus antérieure que dans l'art chinois (le Taï Ki taoïste...) soit, dès le Vème avant notre ère. » On a entrevu plus hault l’importance, pour la tradition représentée par Rabelais, de ce 69...

    Bien inspiré, cet universitaire décèle donc une troublante parenté entre le calendrier de Coligny et celui qui prévalait en l’antique chine. Même si, dans les pas de P. Duval et G. Pinaud, il reconnaît que l'importance apparente des semestres (et des lunaisons) « claires » et/ou « sombres » « signalent des interférences possibles avec d'autres calendriers antiques, celui de l'inde notamment ». Car, dit-il, « il existe dans ce calendrier indien toute une série d'emboitements à base 5, 12, et 60 qui rappellent ceux que pratique ce calendrier celtique ». Soit, mais manifestement la ressemblance avec la chine l'emporte aisément; et tout bien pesé (comme on le verra plus loin), sans contradiction réelle avec le clair-obscur cher au védisme, car il semble que, tout comme dans le traité du Kalaçakra (où l'obnubilation calendaire est patente) il y ait un type d'astro-logie-nomie pour chacun des 3 niveaux de l'être. Donc, sino-celtisme vrai-semblable : « Mais le plus étonnant est le calendrier de la Chine ancienne qui, outre le fait de commencer aux mêmes débuts de mois que celui des celtes, possède également un système de cycles quinquennaux, et d'intercalations régulières d'un mois les 3ème et 5ème années, c'est à dire aux mêmes intervalles que le nôtre. Noter que le chinois accorde aussi aux 12 premiers jours de l'année entourant le solstice d'hiver, une sorte d'existence séparée. « Une sorte de temps concentré équivalent à la durée entière de l'année », préfigurant les 12 mois de l'année à venir, dit M. Granet. » « L'utilisation qu'il fait des 2 notions complémentaires et alternées de yin et de yang, dont on fait remonter la conception aux 1ers astronomes chinois, pourrait tout aussi bien appartenir à ceux qui ont élaboré le calendrier celtique. »

    On se contentera ici de mettre la truffe sous le capot d’une version taoïste de ce calendrier chinois, profitant du fait que cette tradition, certes moribonde, est néanmoins suffisamment vivante pour être perçue dans sa vérité . Et c'est déjà aussi « coton » que chez Rabelais car "la manifestation intégralement comprise entre le Ciel Yang en haut et le Sol Yin en bas peut être conçue comme un chassé-croisé permanent d'actions inverses". J.A.Lavier.

    L'uranologie chinoise, courageusement défrichée par L. de Saussure puis Lavier, peinait toutefois à rétablir et justifier astronomiquement des corrélations satisfaisantes (et nécessaires) entre ces repères cycliques et le Yi King, jusqu'à ce que S. Desportes remarque d'étranges « anomalies », grosses de sous-entendus, dans le 1er texte connu de médecine chinoise, le Nei Tching Sou Wen. Il entreprit donc un travail considérable, épaulé par une connaissance approfondie de l'acuponcture et de l'astronomie de position, pour nous livrer le fruit de ses recherches in « L'homme sous le ciel », en 1986. Gentiment, il en a ensuite fait une version grand public, intitulé « Cycles du Ciel et de la Terre ».

    Je vous passe les modalités de ces chinoiseries notamment l’importance des cycles sexagésimaux, articulés par les relations entre Saturne et Jupiter (en conjonctions d'oppositions, tous les 20 ans) , le tout rythmé par les conjonctions, tous les 30 ans, entre Saturne et Antares... pour en venir directement au résultat.

    On voit d’emblée que ces chinois, comme dit Desportes, « préféraient se fier à du stellaire plutôt qu'à du solaire », car c’est le texte astronomique du Chou King qui donne les repères stellaires pour les véritables débuts des saisons subtiles (flux et reflux des Yin et Yang dans la Nature); soit, comme on va bientôt l’entraver, un calendrier stellaire, invariant par rapport à la précession des équinoxes. Ensuite, il saute aux yeux que l’importance accordée à la Voie Lactée est aussi considérable que par chez nous.

    Pour des « raisons » essentiellement symboliques sur lesquelles je ne puis m’étendre ici, ces Fils du Ciel, désireux d’accorder la dynamique régissant leurs Eléments (feu, eau, bois, métal) avec celle du niveau stellaire, où 4 étoiles remarquables scandent les marées du «Chi» cosmique, un axe a été privilégié. Desportes, refaisant le chemin à l’envers pour le décrypter, amène le sujet ainsi :

    « Envisageons la question de plus près en remarquant un fait astronomique qui peut nous apporter une solution conforme aux règles de l’analogie. Il existe un plan qui possède une verticalité symbolique par rapport au plan de l’écliptique et permet de définir l’ « axe vertical qualitatif » du niveau stellaire. Ce plan est dessiné par le cercle abstrait que parcourt la Voie Lactée, c’est à dire notre galaxie. Ce cercle qui délimite un plan différent de celui de l’écliptique coupe celui-ci suivant une ligne droite commune aux deux plans, qui s’étend depuis la constellation du Sagittaire aux environ de 18 heures d’ascension droite (proche de l’étoile Gamma du Sagittaire) jusqu’à l’opposé diamétral où elle recoupe le cercle de l’écliptique aux environs de 6 heures d’ascension droite à la limite des constellations du Taureau et des Gémeaux.»

    Ca ne vous rappelle rien cet équateur galactique, avec ses deux « gués », comme disent nos chinois ???

    Poursuivons notre céleste randonnée : « C’est à dire que cet axe « invariable » (puisque le cercle de l’écliptique et celui de la Voie Lactée sont indépendants de la précession) s’étend depuis le secteur Eau jusqu’au secteur Feu. C’est donc lui qui devient l’axe vertical de notre système calendérique, sur fond de coordonnées galactiques et non plus sidérales.

    Notons une concordance importante : si on prolonge cette droite au delà de Gamma du Sagittaire, on traverse le centre de notre galaxie qui se trouve dans cette direction. Donc, cette ligne de rencontre des deux plans (Voie Lactée et écliptique), d’une part est stable, car l’écliptique, même si elle vacille un peu au cours des siècles, coupe toujours la Voie Lactée selon ce même axe, et, d’autre part, elle conserve la même orientation : vers le coeur de notre galaxie. Voici donc que le calendrier stellaire établi et/ou transmis par l’empereur Yao possède une stabilité principielle grâce à un axe vertical naturel, dont le sommet pointe vers le centre de notre galaxie, qui devient symboliquement, en tant que centre de tous les systèmes de calendriers, la Terre, élément de référence de notre système climatique En effet, avec ce calendrier galactique, orienté de cette manière, nous échappons au système de coordonnées variables en fonction du déplacement du point gamma sur l’écliptique au cours des siècles (précession) et nous nous conformons désormais aux coordonnées galactiques qui ne subissent aucun changement. » Et hop !

    Ah oui, par Toutatis, j’allais oublier la cerise sur le gâteau ! L’axiologie susmentionnée, combinée avec les quatre phases d’animation du « Chi » cosmique, fait apparaitre ici bas quatre « moments » ou repères temporels privilégiés ; soit «quatre points de rupture dans les cycles (le Ciel) où l’espace organisé (le Sol) est en rapport direct avec « le monde extérieur inorganisé ».

    Evidence ainsi énoncée par nos camarades chinois : « Etant donné que la Terre est carrée et le Ciel circulaire, il existe quatre coins de la terre que le ciel ne couvre pas ».

    Lesquels « coins » marquant les phases de croissance et décroissance, ainsi que les apogées des dominantes Yang ou Yin, se situent approximativement mais sûrement vers le 6 Mai, le 6 Août, le 5 Novembre puis le 6 Février.

    A vot’ service au cas où des infos supplémentaires seraient nécessaires.

    « Sous un ciel jamais couvert »

    ali von Boron.

     

     






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